Formation initiale.
Réclamer un niveau Master2, c’est bien, et je reste persuadée que c’est une nécessité. Mais peut-on se contenter d’avoir des exigences à sens unique ?
A l’heure du débat Master/ pas Master, je m’étonne quand même de ne rien voir passer( peut être ai-je raté le sujet) sur une réforme des études portant non pas sur la forme mais sur le fond. J’ai bien entendu parler « d’harmonisation » quelque part, mais ça reste vague.
En tant que maitre de stage et maitre de mémoire j’assiste quand même à des choses un peu abradacabrantesques (je vous l’avais dit, les ortho adorent les néologismes).
Il se trouve, que depuis quand même quelques années je vois défiler pas mal d’étudiantes, je prends les mecs aussi, mais bon, ça ne se bouscule pas au portillon. Des étudiantes qui habitent ma région mais sont formées un peu aux quatre coins du pays, là où elles ont réussi le concours. La quatrième année étant quasiment dédiée aux stages et au mémoire, elles reviennent au bercail et font leurs stages au pays, principalement pour des raisons financières. C’est ainsi que certaines débarquent chez moi.
Et là, je me dis que cinq ans d’études, ça va pas être du luxe. Mais si c’est dans les mêmes conditions, on se demande pourquoi.
Exemples ; si vous étudiez dans une certaine ville vous serez la reine d’ELO (test de langage) ou du LMCR. Telle autre ville fera de vous une championne toute catégorie d’EVALO…. Normal me direz vous, les auteurs sont aussi formateurs dans ces centres. Ouais… sauf que, du coup, faire étudier les autres protocoles, et c’est pas ça qui manque, c’est pour ma pomme.
J’en ai vu qui avaient eu quelques heures sur la dyscalculie, d’autres rien. Sur le handicap c’est la même chose, c’est un peu fonction du poids du bateau et de l’âge du capitaine. Les étudiantes se plaignent souvent de cours annulés ou reportés en permanence.
Après, dans la même veine glamour, il y a la défiance, voire carrément le mépris pour d’autres formateurs que ceux de son sérail. En ce moment, je dirige le mémoire d’une future consoeur qui n’est pas de mon cru (comprenez de la fac la plus proche). Et c’est la cata. La directrice des études de son université passe son temps à me bombarder de mails de recommandations diverses et variées, portant surtout sur la forme d’ailleurs. Pour l’instant je reste polie, accepte cette condescendance sans broncher et fais où et comme on me dit de faire. Juste pour ne pas mettre ma stagiaire dans une position délicate, parce que ce n’est pas se voiler la face que de penser que si on a le malheur de l’ouvrir, c’est l’étudiante qui en paiera le prix. Mais la petite dame ne perd rien pour attendre.
Autre truc, top niveau. Ma seconde stagiaire est une fois par semaine dans un hôpital, avec une ortho qui passe son temps à lui dire qu’elle déteste son boulot, veut en changer et ne lui donne à voir que des patients tellement aphasiques et en fin de vie qu’il n’y a rien à faire. C’est ce qu’elle me raconte. Vrai, faux, je ne suis pas là pour juger ou trancher mais elle y est depuis Juin, estime qu’elle en sait assez sur les limites de notre champ d’intervention en fin de vie et en a raz le bol. En faisant jouer mes relations, je lui ai dégoté un stage top niveau dans un autre hôpital ; ortho super, médecins dispos, cas cliniques hyper intéressants. Cet hôpital est à 40 km de chez elle mais elle est prête à faire ces trajets une fois par semaine, malgré les bouchons, l’essence qui augmente et en dépit de son pauvre budget d’étudiante. Si ce n’est pas de la motivation ça !!! Seulement voilà, pour changer, la stagiaire doit demander la permission à la directrice des études de sa fac. Et l’autre, ben elle a dit «non». Tu t’emmerdes ? Tant pis, tu continues jusqu’en Juin, c’est comme ça.
Dommage.