Encore une histoire de gros sous.
Le centre référent par chez nous est tellement embouteillé que les patients doivent d'abord passer par des spécialistes de ville (pédiatres, neuro, etc...) pour avoir le précieux sésame d'accès.
Ils doivent bien sur s'y rendre avec tous leurs bilans faits en libéral; ortho, psychomot, psycho...
Sur ces consultations seuls le bilan orthophonique et la consutation du médecin sont remboursés. Pour le bilan orthophonique, pas de soucis, comme il n'y a pas d'orthophoniste ayant des honoraires libres (c'est interdit), le bilan coutera 57,60 Euros, entièrement pris en charge, sécu+mutuelle ou CMU. Mais chez le médecin spécialiste c'est une autre histoire. Aux dernières nouvelles la consult tournait autour de 150 Euros chez certains. Remboursés sur la base d'une consultation de spécialiste, ce qui fait quand même un sacré paquet à la charge du patient.
J'en connais un qui a trouvé la combine; trois rendez vous à 50 Euros, une feuille de maladie à chaque fois et du coup la prise en charge sécu est plus importante. Pourquoi pas....
Mais il reste encore des gens qui n'ont pas les moyens de payer tout ça. Il reste des gens pour qui se rendre à la capitale de la région consulter ces éminents spécialistes est très difficile (pas de voiture, pas le temps de bloquer trois rendez vous...), des gens qui veulent bien aller au centre référent mais qui ne veulent pas, ne comprennent pas pourquoi, se farcir le parcours compliqué, cher et obligé qui précède. Ces patients sont souvent les plus mal lotis sur tous les plans; social, culturel, économique.
Et c'est comme ça que je me retrouve avec des enfants qui auraient grand besoin d'un diagnostic du centre référent (grand préma, soupçon de dyspraxie, de dysphasie, de TED..) mais qui n'y ont pas accès. Alors on bidouille avec ce qu'on a sous la main; un au CAMSP, un au CMP, un à l'IEM....structures dans lesquelles il manque toujours un professionnel, le plus souvent l'ortho ou la psychomot, et desquelles l'enfant sort avec inévitablement un bon gros diagnostic psy, puisque le psy dans ces structures est à peu près le seul professionnel permanent.
Dernièrement j'ai adressé un enfant qui a fait un AVC car on était en recherche d'une solution pour le scolariser dans une structure adaptée (au passage merci la MDPH et la référente de scolarité pour leur inefficacité !!) il n'a vu que le médecin et la psychologue.Très étonnée j'ai téléphoné à ce centre pour tenter de comprendre. On m'a répondu que comme il avait des troubles du comportement, il avait juste besoin d'un suivi psy.
Yes. Un enfant aphasique, qui n'a pratiquement plus de moyen de communication, dont la compréhension est perturbée présente en effet qqs troubles du comportement. Mais comme on n'a pas d'ortho sous la main, que celle du centre qui n'est qu'à mi temps n'a plus de place et qu'on n'a pas envie de raquer pour une prise en charge à l'extérieur qui amputerait le fameux prix de journée, on colle le môme dans la case "psychotique" puisque la psy, elle, elle a de la place. Si c'est la psychomotricienne qui avait eu un créneau à ce moment là, je suis sure qu'on lui aurait trouvé une dyspraxie à cet enfant.
Si la psychothérapie était efficace pour les AVC, ça se saurait.
En attendant, j'ai encore la naiveté de croire que si il avait eu accès au centre référent il aurait peut être été aiguillé sur une prise en charge mieux adaptée. Mais sa mère n'a pas de voiture, pas un rond, pas la force de se battre....
La médecine à deux vitesses c'est tous les jours chez moi.