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Orthophonie. Desperate orthophoniste.
30 avril 2010

Furax.

Une jeune psychomotricienne vient de s'installer dans la ville voisine. Je lui ai tout de suite envoyé un enfant que j'avais vu en bilan qui ne présentait pas de trouble du langage écrit mais des difficultés praxiques très importantes. A dix ans il ne sait toujours pas faire de vélo, nager, couper sa viande et il présente une dysgraphie . Il refuse de faire du sport car il se trouve vraiment dans l'incapacité de coordonner ses mouvements. Comme il a un an d'avance sur le plan de la scolarité personne ne s'est remué pour l'aider à régler ses problèmes, il bossait, n'enquiquinait personne et a un excellent QI, alors pour le reste...   le sempiternel; "ça va passer...". Cette année, alors qu'il est au collège, ses profs se sont interrogés et ne sachant pas quoi faire ils ont conseillé dans un premier temps un bilan orthophonique.

Il n'y avait aucun problème en langage oral et écrit, rien de rien, et toutes les aptitudes étaient bonnes, sauf l'attention visuelle, légèrement chutée et celà me semblait du à des problèmes au niveau de la poursuite plus qu'à un véritable problème attentionnel. J'avais fait le bilan en une seule fois et l'enfant n'avait montré aucun signe de fatigue.

Au vu du bilan, j'ai adressé en psychomotricité, à la nouvelle installée.

Quand je l'ai vue pour faire le point, je suis tombée sur le derrière; elle m'annonce fièrement que cet enfant est porteur d'un TADAH (déficit de l'attention, hyperactivité).

Alors voilà, on aiguille un enfant pour des problèmes praxiques et le malheureux se retrouve avec un bon gros diagnostic bien chargé, un truc qui va lui coller aux fesses pour un moment, l'étiqueter, le stigmatiser. Depuis quand on pose un diagnostic aussi lourd comme ça ? Je croyais qu'il fallait une équipe pluridisciplinaire pour le faire.

Je suis furieuse et désolée pour cet enfant et ses parents qui se sont pris ça dans les dents.

Et puis j'ai quand même un certain nombre d'années de pratique derrière moi et je suis certaine que cet enfant n'a aucun TADAH.

J'en ai marre de ces gens qui pathologisent tout à outrance. Qui se complaisent dans la pathologie, surtout quand il s'agit de la coller sur les autres.

Avec mes consoeurs, on est bien décidées à ne plus lui envoyer personne.

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Commentaires
O
C'est pas pire que les ortho qui voient des DYS partout !<br /> <br /> Ce n'est pas aux jeunes professionnels qu'il faut en vouloir mais aux vieux "notables" qui enseignent dans les écoles d'orthophonie, de psychomotricité etc... qui pour certains n'ont plus vu un patient depuis Mathusalem mais qui se sont mis à croire à la toute puissance des NeuroSciences pour faire djeune's certainement ?
M
Il y a 15 jours, j'apprenais, stupéfaite, que mon fiston de 11 ans était hyperactif ... <br /> <br /> D'accord, ce n'est pas un "mou", pas une plante verte, d'accord, il bouge beaucoup et n'est pas toujours commode question caractère mais l'hyperactivité m'a d'abord laissée perplexe ...<br /> <br /> La psy, très compétente, avait renaclé à poser ce diagnostique après des tests de QI, tests d'attention ... <br /> <br /> Je m'inquiète un peu, décide d'attendre le RDV avec le médecin phoniatre qui tiendra compte de sa rencontre avec l'enfant, de l'avis de la psy, du psychomotricien et de la pédagogue qui le fait travailler une fois par semaine. Je décide quand même que, agité ou pas, on ne fera pas de mon fiston une plante verte traitée à la ritaline. Petit, j'aurais pu comprendre ce diagnostique (jamais posé d'ailleurs) mais là ...<br /> <br /> Il y a une semaine, dénouement, j'apprends que mon fiston est tout simplement (sic) un enfant précoce, trèèèèès actif, qui se concentre quand ça l'intéresse, dispraxique avec des troubles de l'attention et des troubles visuo-constructifs. Bon, il ne faut pas non plus virer dans le drame ! Je fais confiance à ce que je connais de l'enfant. Il n'est ni plus ni moins intelligent que la semaine précédente, toujours aussi gentil et câlin, avec le même caractère fort ...<br /> <br /> A la lumière de cette expérience que je n'ai pas pu partager avec mes copines, je me dis que certains parents doivent être totalement perdus, surtout s'ils prennent au pied de la lettre chaque diagnostique. On n'est pas tous égaux devant le savoir. Savoir prendre du recul, savoir questionner le praticien, vouloir en savoir plus, ce n'est pas forcément évident pour tous les parents. Oser poser des questions sans risquer de passer pour un demeuré ...<br /> <br /> Ma conclusion : avoir un avis fondé sur LA CONNAISSANCE DE L'ENFANT. L'enfant n'est pas juste un test mais une personne avec sa personnalité, ses caractéristiques, répondant à des questions. Ne nous éloignons pas de l'enfant lui-même ! Tous les tests ne remplaceront pas le perception de l'enfant par le praticien. <br /> <br /> Et puis, c'est parfois biaisé. On ne teste pas tous les enfants, juste ceux qui ont des problèmes. Qui sait si mon autre fils n'est pas aussi précoce mais qu'aucun trouble ne l'empêche d'exprimer ses capacités en classe ? Hein ??? Ca me fait réfléchir ...<br /> <br /> Je suis donc à 100% d'accord avec vous sur ce sujet (et sur bien d'autres lus sur votre blog, d'ailleurs). Ne pas étiqueter et rendre pathologique ce qui ne l'est pas toujours ... oup as totalement ...<br /> <br /> Dans cet esprit, je lutte activement contre les étiquettes en ne communiquant pas ces infos à notre entourage, pas à nos/ses copains et de façon très synthétique à l'équipe éducative du collège pour la mise en place d'un PAI. Pas la peine de le stigmatiser ! Notre fiston sait qu'il est intelligent, réfléchi mais je ne le traite pas différemment depuis cette nouvelle. Je m'adapte !<br /> <br /> Massalia
C
Je suis d'accord avec toi. C'est vrai que le diagnostic aussi lourd d'hyperactivité ne se fait pas à la légère et qu'il faut l'avis d'une équipe pluridisciplinaire dont celui des enseignants. Il faut faire super attention pour éviter de faire des erreurs qui ont de lourdes conséquences.
C
Je suis bien de ton avis ! Autant il faut prendre en charge les enfants rapidement lorsque des difficultés se présentent... autant poser un diagnostique lourd doit prendre du temps. Cessons de tout étiqueter ainsi.<br /> En plus, si cette pathologie était vraiment avérée, les enseignants du primaire s'en seraient rendu compte, non ?<br /> ça me fait penser aussi à une ortho qui a diagnostiquée une dyslexie à un de mes élèves en une seule séance... elle a peut-être raison mais ça me semble super rapide !
L
Et bien sûr, je suppose qu'on va s'empresser de lui donner la fameuse petite pilule miracle...<br /> <br /> Du TADAH ou de la dyslexie, qui l'emportera pour devenir le plus grand fourre-tout-réponse-à-tous-les-problèmes-de-ces-chères-têtes-blondes?
Orthophonie. Desperate orthophoniste.
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