Travailler plus....
Sur les forums d'orthophonie on parle de tout ou presque. Ceci dit j'y vais de moins en moins car je déplore que souvent, un sujet interressant, qui démarre bien, finisse en eau de boudin, avec private joke, smileys, et se déroule sur dix pages de blagounettes pas forcément utiles. On reste souvent sur sa faim. Donc, c'est pas trop mon truc, mais si ça fait du bien à certain(e)s, moi ça ne me dérange pas. J'y vais plus rarement, c'est tout.
Un sujet, qui n'est cependant jamais ou rarement abordé mais qui fait couler beaucoup de bave c'est le nombre de séances que chacun inscrit sur son planning. Régulièrement j'entends des critiques désagréables sur ceux ou celles qui ont l'outrecuidance d'incrire plus de 60 séances par semaine sur leurs agendas. Bien entendu, ces critiques viennent toutes de "petits travailleurs". J'ai un paquet de consoeurs qui se limitent à 50/55, voire 45 rendez vous et qui passent leur temps à cracher sur tel ou telle qui fait 70/75 rendez vous ou plus. Le propos est toujours le même; "c'est impossible de faire du travail de qualité à ce rythme".
Ah bon ?
Alors, les gros travailleurs, dont j'ai été à une époque, préfèrent s'écraser et ne jamais livrer le chiffre secret de leur planning, ou minimiser le nombre d'actes qu'ils font dans la semaine quand on leur pose la question fatidique, de peur de se faire incendier et de passer pour des pompes à fric. En règle générale dans l'inconscient orthophonique gros travailleur = mauvais thérapeute.
J'ai toujours considéré que la somme de travail que l'on s'octroie est une affaire strictement personnelle, qu'elle est fonction des besoins et des capacités de chacun et qu'un agenda bien rempli n'est pas synonyme d'un travail mal fait. La majorité des orthophonistes sont des femmes et une majorité d'entre elles ont un conjoint, ce qui signifie deux salaires. Toutes celles que je connais ne sont pas en plus mariées avec des ouvriers qui tirent la langue à la fin du mois. Dans mes stats à moi les maris sont toubibs, architectes, ingénieurs, kinés, chefs d'entreprise (je sais, je ne fréquente que des nanties).....Dans ce contexte ce n'est pas un problème de limiter son activité.
Mais il y a aussi une proportion de femmes seules, des divorcées avec enfants, qui ont la charge de faire bouillir la marmite. Sans parler de nos quelques hommes dont certains ont des épouses mères au foyer. Ceux et celles qui ne disent pas "non" quand ils reçoivent des appels de détresse et qui se sentent en pleine capacité de bosser à un rythme d'enfer.
Faut que j'en parle à mon toubib, qui bosse comme un âne, qui passait parfois chez moi à 22h30, quand il avait fini ses consultations pour voir un de mes enfants qui était malade. Un acharné qui commence à 7h le matin et finit régulièrement à 23 h. En vingt ans je n'ai jamais eu à me plaindre de lui, j'ai toujours trouvé que c'était un excellent médecin de famille.