Les emm...; le retour.
Je parlais de ces braves parents d'une petite patiente dans ce message http://orthophoniste.canalblog.com/archives/2010/03/01/17085369.html#comments
Eh bien figurez vous qu'après avoir essayé et dégouté deux consoeurs et une psychomotricienne; "coucou c'est nous, les revoilous". Enfin, les revoilà, c'est vite dit. Disons qu'ils ont fait une tentative qui a complètement capoté.
- Allo Madame l'orthophoniste ? Bonjour, c'est Madame Kaspié, vous aviez suivi ma fille. (Voix mielleuse, genre la copine qui t'as pas donné de nouvelles depuis longtemps et qui croit que tu n'attendais que son coup de fil). Comment allez vous?
- Bien merci. Mais je suppose que vous n'appelez pas pour me demander de mes nouvelles.
- Non, en fait... voilà.... c'est que.....enfin....bon.....comment dire... (multiples reprises inspiratoires bruyantes) je voudrais vous demander de reprendre ma fille. Parce que vous comprenez, avec les autres, ça se passe mal, et patati et patata...
La première serait tout le temps absente (je la connais, je sais que ce n'est pas vrai), et la seconde serait trop jeune, inexpérimentée et désagréable..... Parce que eux, bien sur, ce sont les gens les plus charmants du monde. Et puis je n'aime pas cette connivence qu'elle essaie d'instaurer en tapant sur mes consoeurs. Si, faire jouer la concurrence marche bien chez Conforama ou Cuisinella, chez moi ça ne le fait pas.
-Vous êtes en train de me dire que vous en avez trouvé des pires que moi? Rhooo, c'est pas possib !!! Pourtant dans le genre archi nulle je me posais là si j'en crois les retours de vos amis les corbeaux du village. Bon, de toutes façons on ne va pas discuter des heures; il va vous falloir chercher une quatrième orthophoniste.
Elle insiste, la bougresse. Je sens que ça va dégénérer; elle supplie, essaie de m'avoir par les sentiments mais si je la garde trop longtemps au téléphone elle va s'énerver et ça va partir en live. J'ai tout entendu, il paraitrait même que c'est la maitresse de la petite qui insiste pour qu'elle revienne chez moi. Bref elle cherche des excuses, des cautions. Rien à faire, je ne cède pas.
Plus tard, appel de l'instit;
- j'ai vu Mme Kaspié, elle fait du forcing pour que j'arrive à te convaincre de reprendre la petite.
- tu connais la réponse..
Je pense à cette petite, qui, elle, est adorable, toujours en grande difficulté, et qui aura bien du mal à résoudre ses soucis si ses parents ne se décident pas à clarifier leur attitude.
Au niveau du double langage cette situation est un cas d'école. Pendant des mois j'ai entendu ces parents exiger que la rééducation avance vite et en même temps me reprocher de trop fatiguer leur fille, qui, au passage, pétait du feu dès qu'ils avaient le dos tourné. Ils voulaient des progrès mais n'étaient capables ni d'être à l'heure, ni d'être assidus. Je précise que ce sont des gens d'un niveau socio culturel élevé, bardés de diplomes, avec tous les deux des situations professionnelles confortables. Pas de CMU, de soucis de fins de mois....Juste une difficulté à clarifier leur demande, à faire confiance et à écouter.
Sans me vanter, j'avais développé des trésors de diplomatie avec eux, sans succès.
Je pourrais peut être les envoyer à Coridys.....
En attendant, cette histoire me fait penser au com de Spyko sur le message précedent; il se pourrait qu'on explique mal, qu'on n'apporte pas les solutions demandées, qu'on n'arrive pas toujours à sortir les gens du flou dans lequel ils se trouvent. C'est possible et nos métiers sont faits de remises en questions perpétuelles. Mais je trouve qu'on se trouve aussi de plus en plus en présence de patients qui justement ne sont pas patients. Des gens qui sont en recherche de solutions rapides, de miracles et qui sont prêts à tout essayer (et souvent n'importe quoi), à se disperser, pour finalement souvent s'embrouiller encore plus.